
Spécialiste
Stéphane Buchheit
Fabrication des timbres au type « Groupe » des colonies françaises
3 Feuille d’impression, teinte de fond.
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Maintenant nous disposons d’encre et de papier entrons dans l’atelier pour commencer l’impression de nos timbres. C’est à partir de cet instant que commencent les surprises.
Voici reconstituée une feuille d’impression, à partir de 2 feuilles de vente imprimées le même jour et sur la même machine.

- Feuille d’impression
Ce qui saute tout de suite aux yeux, c’est que la couleur de la partie gauche de la feuille est différente de celle de la partie droite. En effet, à gauche nous avons 150 timbres à 20 centimes et à droite 150 timbres à 30 centimes. Elles ont toutes les deux la surcharge 05 de 1912 car je n’ai pas encore réussi à trouver des feuilles entières non surchargées...
Nous sommes sûr de cette disposition car les deux feuilles ont le même jour de tirage (8/11/93) et que sur la partie droite de la feuille du 20 c nous apercevons la teinte de fond du 30 c. C’est en lisant un article de Arthur Maury dans Le collectionneur de timbres-poste de mars 1900, que j’ai vu pour la première fois une description d’impression en deux couleurs. Étonné, j’ai consulté plusieurs collectionneurs qui possédaient des pièces avec le bord de feuille. Du fait de la faible largeur de l’espace entre les deux teintes de fond, on aperçoit souvent la teinte de la feuille voisine. Dans la plupart des cas, cette teinte est différente, sauf dans le cas du 15 c bleu avec papier quadrillé ; du moins pour ceux que j’ai examiné.
La raison de cette disposition s’explique très bien par le coût des galvanos de service, le relatif faible tirage des colonies et par la nécessité d’imprimer deux feuilles de vente à chaque « coup » de presse, pour immobiliser le moins longtemps possible la machine. La seule difficulté est de maîtriser la répartition des deux couleurs pour éviter tout mélange. Et là visiblement, l’atelier utilisait parfaitement cette technique.
La teinte de fond.
Tous d’abord la feuille reçoit l’impression de la teinte de fond, ce qui est logique car sinon elle couvrirait les figurines. Les deux cotés (feuilles de vente de droite et de gauche) sont imprimés simultanément comme nous pouvons le voir sur la feuille ci-dessus.
D’après l’expert Jean-François Brun, l’impression des teintes de fond est réalisée en typographie. La difficulté de réaliser de grands aplats avec une parfaite densité de couleur est contournée en utilisant des encres spécifiques dont la fluidité permet une parfaite homogénéité. Certains avancent l’utilisation de la lithographie, ce que dénie M. Brun, et je me range à son avis, car l’atelier de fabrication des timbres-poste n’a jamais utilisé ce mode d’impression, et il ne possédait pas le matériel adéquat.
En 1893, les teintes de fond avaient comme format 228 millimètres sur 136 millimètres, pour chaque bloc de 50 timbres, sauf pour la teinte de fond centrale dont la hauteur est de 134 millimètres. Chaque teinte de fond est séparée verticalement par un espace de 8 millimètres, et horizontalement, entre les deux feuilles de ventes, par un espace de 7 millimètres. La faible largeur de l’espace entre les deux feuilles de vente fait que l’on rencontre régulièrement des exemplaires bord de feuille avec une partie de la teinte de fond de la feuille mitoyenne. La plupart du temps ces teintes sont différentes.
Dans le cas du 15 c. bleu, la teinte de fond est remplacée par un vernis incolore qui empêchait la reproduction de faux timbres en lithographie. Les dimensions du quadrillage sont légèrement différentes de celles des teintes de fond. Dans ce cas précis, il ne nous a pas encore été donné de voir une teinte mitoyenne différente, ce qui s’explique peut-être par le besoin d’un tirage plus important, nécessitant l’utilisation de la totalité de la feuille d’impression à cette valeur.
Sachant que la dimension du cadre des timbres d’un bloc de 50 est de 207 x 117, il y a en moyenne une marge d’environ 10 millimètres autour des timbres, et plutôt 8 millimètres si l’on considère les perforations.
Du fait de l’impression simultanée des deux teintes de fond de couleur différentes, il est théoriquement possible d’avoir des valeurs avec la mauvaise teinte de fond, car il suffit de poser la feuille à l’envers pour que la teinte de fond de droite passe à gauche et vice-versa. Mais ce type de variété, si elle existe doit être extrêmement rare car en reprenant le cas de la feuille ci-dessus, nous obtiendrons avec l’inversion un 2 c. lilas brun sur vert au lieu de paille. Une fois les feuilles massicotées et rassemblées par valeurs, nous avons une feuille de couleur différente dans le tas, ce qui même en le feuilletant est parfaitement visible. Nous pouvons donc estimer que si un tel incident a eu lieu, il est certain que les feuilles ont été rebutées.
Il est tout à fait probable que l’impression des teintes de fond se faisait à l’avance. Connaissant les quantités à livrer, les ouvriers constituaient un stock de feuille avec les différentes teintes de fond, puis on imprimait les figurines.
Intéressons nous maintenant à l’impression de la figurine elle-même.
Suite
Introduction.
Les couleurs, Le papier.
La teinte de fond.
La planche d’impression.
Impression du nom des colonies.
Le gommage.
Le massicotage et la perforation.
Dernières
modifications : 2003-03-13 22:28:30
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