
Spécialiste
Stéphane Buchheit
Fabrication des timbres au type « Groupe » des colonies françaises
7 Le massicotage et la perforation.
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Le massicotage
Une fois sèche, les feuilles étaient rassemblées en paquet de 200 et remises à l’ouvrier coupeur qui les séparait en deux feuilles de vente de 150 en massicotant verticalement le paquet en son milieu. Il ne semble pas y avoir de repères sur les feuilles pour le massicotage donc, l’ouvrier calait certainement les feuilles sur un bord, c’est d’ailleurs la manière habituelle de procéder sur ce type de machine. Le pont entre les deux feuilles avait la taille d’un timbre soit environ 2 cm, et il suffisait qu’une feuille soit mal positionnée ou que l’impression ait été décalée pour que la coupe entame la teinte de fond voir même dans le cas de la pièce précédente soit au milieu du timbre de la planche voisine. Si les premiers sont assez courant le second est à ma connaissance unique.
Maintenant que les feuilles sont coupées en deux, il ne nous reste plus qu’à opérer la dernière phase de la fabrication.
La perforation
Arthur Maury lors de sa visite en 1900, nous décrit le fonctionnement de la machine qui réalise la perforation des feuilles.
« Les découpoirs sont des outils puissants et de précision, mus par la vapeur… Les premières de ces machines qu’employait M. Hulot en 1862 étaient de fabrication anglaise, celles qui fonctionnent aujourd’hui à l’usine du boulevard Brune sont françaises et d’ailleurs en tout point semblable aux premières. La gravure ci-jointe montre comment opèrent les jeunes gens chargés du travail des découpoirs.

- Machine de perforation de la dentelure
Les feuilles de timbres, six au plus, sont placées l’une sur l’autre, dans un châssis en fer à double charnière et à pinces haut et bas, elles sont piquées sur deux aiguilles ;deuxcroiximprimées sur les feuilles, en même temps que les timbres, l’une sur la marge du haut, l’autre sur la marge du bas, servent de points de repère. Lorsquel’opérationest terminée,on voitau milieu de ces croix le trou fait par l’aiguille du cadre. Il est muni d’une poignée à l’aide de laquelle l’ouvrier,aprèsl’avoir engagé sur deux rails, le pousse jusque sous le découpoir où il s’arrête, le choc, fer contre fer, produit un bruit retentissant, le découpoir s’abaisse, perforant une rangée de timbres, il se relève à peine et recommence 18 fois tandis que le mécanisme fait avancer régulièrement le cadre. Lorsque celui-ci est au bout de la course, il est renvoyé brusquement vers l’ouvrier qui le saisit et le remplace par un autre garni de feuilles.
Contrepartie en acier où pénètrent les aiguilles du découpoir.

- Contrepartie du découpoir de dentelure
Le perforage des timbres est relativement long et onéreux, c’est l’opération la plus difficultueuse dans la fabrication des timbres : en effet, la feuille de timbres a été mouillée par le gommage, puis séchée en même temps que la couche de gomme arabique, ses dimensions ont donc varié, de plus elle est devenue sensible à l’humidité : selon le plus ou moins de sécheresse de l’atmosphère, elle s’allonge on se raccourcit, la nature du papier et surtout de la gomme, l’épaisseur de la couche de celle-ci accentuent encore ce phénomène, aussi le découpoir d’acier ne peut-il être unique sous peine de donner des marges irrégulières et même d’entamer parfois les timbres, ce qui, malheureusement pour les collectionneurs arrive encore trop souvent, un peu dans tous les pays. Il faut donc une série de découpoirs variant légèrement de longueur et parmi lesquels, on choisit pour chaque tournée de timbres. De là le désespoir des amateurs de minuties qui voulant mesurer sévèrement le piquage des timbres ne le trouvent pas toujours en concordance mathématique avec leur odontomètre. Si on collectionnait les timbres par rangées de dix, on pourrait, du fait que nous venons d’indiquer, relever au moins six variétés de piquages sur les timbres actuels.
Sous chaque machine à perforer, une boite reçoit les petites rondelles gommées enlevées par le découpoir ; j’en avais ramassé une poignée afin d’examiner de plus près ce déchet des timbres-poste et je me suis empressé de le remettre à sa place sur l’observation qui m’a été faite que ces confettis minuscules doivent être scrupuleusement versés au Domaine. Que peut-il en faire ?… ».
Maury nous fournit ici quelques précieuses informations : Les feuilles (de 150) sont piquées sur deux aiguilles à l’emplacement des deux croix (en vérité une croix et un point) imprimés en même temps que les timbres. Nous avons effectivement noté ces repères lorsque nous avons parlé de la constitution de la planche d’impression. Et en plus le cadre dispose de pinces en haut et en bas, ce qui à mon avis explique pourquoi on trouve des petits trous dans la marge en haut et en bas des feuilles.
Stéphane Buchheit Col. Fra n°586
Références bibliographiques :
A.Maury, Le collectionneur de Timbres-Poste, n°233 et234, mars-avril1900.
Jacques Resnikow, La philatélie française, n°381 à387, 1986.
Le patrimoine du timbre-poste français. Editions Flohic.
R. Pouget, Directeur de l’Atelier des Timbres-Poste, La fabrication des timbres-poste français, 1947.
Les poinçons sont visibles au musée de la poste à Paris.
Introduction.
Les couleurs, Le papier.
La teinte de fond.
La planche d’impression.
Impression du nom des colonies.
Le gommage.
Le massicotage et la perforation.
Dernières
modifications : 2003-03-14 06:21:08
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